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    A l’heure des premiers choix d’orientation, de spécialités, de séries il est important de faire une pause et prendre le temps de réfléchir à  l’accompagnement à l’orientation que nous mettons en place pour être en cohérence avec l’objectif fixé par la réforme mais également avec le projet éducatif de l’enseignement catholique. Cela impose, donc, aux enseignants, comme aux parents de réactualiser leurs compétences et connaissances et de réajuster leur discours. En tant que personnel de l’enseignement catholique nous devons réfléchir à la mission d’orientation qui nous est confiée et retourner à la source d’un projet éducatif qui se fonde sur l’anthropologie chrétienne, à savoir la formation intégrale de la personne. Si l’on ne veut pas que l’expression devienne un slogan, vide de sens, il est utile de se redonner quelques éléments de compréhension et les pistes de réflexion pour que chacun puisse se repositionner. 

    « L’école est un lieu privilégié d’éducation au service de la formation intégrale de la personne humaine lorsqu’elle forme des personnalités autonomes et responsables, capables de choix libres et conformes à la conscience […] » (Art.6).

    Notre réflexion repose sur deux postulats : le premier est que l’autonomie des élèves est nécessaire à leur prise de responsabilité, à leur responsabilisation, et est un levier pour améliorer les résultats.

    Le deuxième est que lorsque les élèves disposent de la liberté de choisir, ils sont à la fois plus épanouis, plus responsables et plus performants.

    S’orienter, c’est donc,  entrer dans un processus de choix et s’inscrire dans une démarche d’autonomie et de prise de responsabilités. C’est apprendre à faire ses  propres choix avec des avantages et des inconvénients, apprendre que choisir c’est renoncer et commencer à construire son futur itinéraire de vie. A 15 ans,  il faut bien l’admettre, c’est difficile. C’est pourquoi, plus que jamais, les jeunes ont besoin, à leurs côtés,  d’adultes, de bons professionnels de l’enseignement et de la pédagogie, mais aussi porteurs de sens, capables de faire acquérir connaissances et compétences, mais surtout de porter un regard d’espérance sur chaque jeune qui nous est confié et de leur donner la confiance et la force nécessaire pour aller de l’avant et croire en leur avenir.

    Il nous est rappelé que chaque personne doit être respectée dans sa singularité. « Un projet d’éducation doit précisément veiller à éveiller et accompagner la vocation personnelle de chacun » (art. 37, 79). En effet, toute personne est unique par ses potentialités, ses talents, son itinéraire fait de réussites et de difficultés. Cette singularité impose aussi une attention constante à la liberté de chacun, qu’il faut encourager, respecter, préserver comme la voie privilégiée de l’épanouissement personnel et qui doit conduire au plein développement de ses talents particuliers.  

    Nous vivons dans une société qu’on dit de plus en plus marquée par l’individualisme et qui pousse à la conformité et à l’uniformité. Ne reproduisons pas ce schéma au sein de nos établissements scolaires en mettant en place un travail sur l’orientation purement comptable qui privilégierait l’intérêt personnel de l’enseignant au détriment de l’élève qui nous est confié. Notre responsabilité est bien d’aider, d’accompagner chaque jeune dans la construction d’un parcours, un itinéraire de vie qui va lui correspondre,  chacun doit tracer son itinéraire de réussite. C’est d’ailleurs ce que reprend le document que l’enseignement catholique vient de diffuser concernant l’orientation des élèves : « Le meilleur parcours est celui qui leur correspond ». « ÉDUQUER AU CHOIX POUR UNE ORIENTATION REUSSIE »Chaque enseignant ne peut et ne doit pas  raisonner par rapport à des craintes de perte d’heures ou la perte d’une hégémonie. Il faut rester cohérent, lorsque la filière S était à son zénith et que tout le monde souhaitait y aller, car considérée comme la voie royale, on nous demandait  de n’admettre que bons élèves et quelques fois nous fixait un seuil minimal de 12. Or, avec la disparition de certaines matières du tronc commun, et la crainte de voir des heures diminuer, le discours a changé radicalement et on est prêt à accepter des élèves en dessous de la moyenne dans les matières scientifiques, on a recours à des méthodes d’un autre temps ou d’autres sociétés en agitant la peur de passer à côté de sa vie parce que soi-disant aucune orientation post-bac n’est possible si on ne prend pas la spécialité maths !

    Il faut revenir à une attitude raisonnable et professionnelle et ne pas oublier que notre mission est bien centrée sur le jeune qui nous est confié et nous devons l’aider à grandir et formuler des choix qui lui correspondent, il n’est pas une variable d’ajustement pour pallier les pertes d’heures et autre dysfonctionnement du système.

    On voit alors chacun entrer en concurrence pour obtenir plus de groupes, plus d’heures :  les séries technologiques sont dévalorisées par rapport à la voie générale ; que dire de la voie professionnelle qui a l’image d’un  repoussoir et fait l’objet d’une orientation par défaut,  elle n’aurait pour vocation que d’accueillir les élèves en difficultés qui ne peuvent aller ni en générale, ni en technologique. 

    N’oublions pas que l’enseignement professionnel a su, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, garantir un statut social et professionnel à bon nombre de titulaires de CAP avec la perspective de connaitre une promotion sociale.  Désormais, les élèves y vont pour nombre d’entre eux parce qu’ils sont en échec au collège ou au lycée ! La voie professionnelle est une voie d’excellence au même titre que les autres voies.

    Les spécialités sont en concurrence, on oppose toujours les spécialités scientifiques aux spécialités sciences humaines et sociales, alors qu’elles sont complémentaires, si les sciences sont le « comment », les humanités sont le « pourquoi »… Il n’y a pas une matière supérieure à une autre, elles ont chacune leurs spécificités et permettent de solliciter et de valoriser les intelligences multiples. Quelle crédibilité avons-nous lorsque nous conseillons à un élève se destinant à un BTS commerce international de prendre la spécialité Physique Chimie ? 

    On ne construit rien de solide et d’efficace en opposant les uns aux autres, diviser pour mieux régner n’a jamais fait grandir qui que ce soit, bien au contraire. C'est plutôt un aveu de faiblesse. Tout cela manque de professionnalisme et frise le ridicule. Quelle est notre mission réelle ? Orienter les élèves par rapport aux intérêts et  problématiques des enseignants ou  accompagner chaque jeune pour qu’il devienne l’architecte de sa propre vie ?

    Pascal Charvet, IGEN honoraire et auteur d’un récent rapport sur l’orientation ne mâche pas ses mots: « L’orientation est devenue une affectation. Elle s’est externalisée de l’École (…) On ne peut réformer l’orientation qu’en la restructurant comme en Suisse, en Allemagne, au Danemark, avec un professeur référent ». Ce référent qu’il soit enseignant ou responsable de niveau se doit de rester neutre, objectif et faire abstraction de sa matière pour accompagner  ainsi  la réflexion de l’élève autour de 4 questions  :

    « Qui suis-je ? » ; « Quelles sont mes capacités et mes centres d’intérêt? » ; « Que vais-je devenir ? » ; « Quel est mon plan pour l’atteindre ? »,

    le conseiller au mieux et  permettre ainsi à chaque jeune de valoriser ses potentialités, talents et  de s’appuyer ainsi sur ses points forts pour se construire.

     


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      Avec la réforme du lycée, l'accent est mis sur l'accompagnement à l'orientation. il nous faut mettre le jeune dans une situation de « s’exprimer », de « dire » et de « faire ».   Il nous faut créer les conditions de prise en charge de le l’élève par lui-même, ne pas se substituer à lui, ne pas lui dire ce qu’il doit faire mais l’écouter, l’impliquer en l’incitant à s’exprimer, l’amener à réfléchir sur son projet. Pour que l’orientation ne soit pas subie mais choisie il faut que chaque jeune soit acteur de son projet et de ses choix, nous devons l'accompagner, pour cela, dans une démarche d'autonomie et de prise de responsabilités. Cet accompagnement n’est pas porté par une personne unique, c’est à la communauté éducative, dans son ensemble, qu’il est confié : le personnel enseignant, non enseignant et les parents, chacun ayant une responsabilité spécifique.  Tous les enseignants sont responsables de l’éducation aux choix, et non pas seulement les professeurs principaux. Ce sont les regards multiples qui seront portés sur lui, et sur la globalité de son parcours qui vont aider chaque jeune à se construire et à avancer.  Le conseil de classe fait partie de ce processus d'orientation.  Ce conseil de classe doit évoluer de façon à impliquer davantage élèves et parents et d'en faire un temps pour croiser les regards, et veiller à ce que le processus de décision soit construit-concerté-compris. Après un petit rappel des textes officiels qui fixent le cadre de ces conseils de classe et ce qu'ils sont dans la pratique,  je vous présenterai 3 évolutions possibles. Ma réflexion s'est nourrie de lectures, de journées pédagogiques, de formations. Les projets 2 et 3 vont plus loin dans le devenir de ces conseils de classe, ils sont plus ambitieux et ce changement radical peut inquiéter, le projet 1 peut être un bon début.  En classe de 2nde nous avons initié le changement...  comme disait Confucius "Celui qui déplace une montagne commence par déplacer de petites pierres."

     

    RAPPEL DES TEXTES OFFICIELS

    D’un point de vue purement officiel, le  décret n° 85 924 du 30 août 1985 - Article 33 en fixe le cadre  : « Il est institué dans les collèges, les lycées et les établissements régionaux d’enseignement adapté, pour chaque classe ou groupe d’élèves, sous la présidence du chef d’établissement ou de son représentant, un conseil de classe.

    Sont membres du conseil de classe : les personnels enseignants de la classe ou du groupe de classes ; les deux délégués des parents d’élèves de la classe ou du groupe de classes ; les deux délégués d’élèves de la classe ou du groupe de classes ; le conseiller principal ou le conseiller d’éducation ; le conseiller d’orientation. ». Le même décret indique que « Le conseil de classe examine les questions pédagogiques intéressant la vie de la classe, notamment les modalités d’organisation du travail personnel des élèves. Le professeur principal [...] expose au conseil de classe les résultats obtenus par les élèves et présente ses observations sur les conseils en orientation formulés par l’équipe »,  « Sur ces bases et en prenant en compte l’ensemble des éléments d’ordre éducatif, médical et social apporté par ses membres, le conseil de classe examine le déroulement de la scolarité de chaque élève afin de mieux le guider dans son travail et ses choix d’études. [...]. Le conseil de classe émet des propositions d’orientation [...] ou de redoublement. »

    C’est bien « le conseil » et non les seuls enseignants qui prennent les décisions.  Le rôle particulier des profs ne peut aller jusqu’à confisquer la décision du Conseil.

    Un autre décret évoque le rôle respectif des enseignants et des autres membres du conseil. C’est l’article 10 du décret n° 90-484 du 14 juin 1990 :

    « Les demandes d’orientation sont examinées par le conseil de classe ce qui prend en compte l’ensemble des informations réunies par ses membres sur chaque élève ainsi que les éléments fournis par l’équipe pédagogique [...]. Le conseil de classe émet des propositions d’orientation, dans le cadre des voies d’orientation, ou de redoublement. »

    Le scénario est donc clair : l’équipe pédagogique fournit des éléments, chacun des membres du Conseil peut donner des informations, mais la proposition est faite par « le Conseil de classe » dans son ensemble.

     

    CONSTATS

    Les réformes et les dispositifs nouveaux ne cessent de se succéder mais le conseil de classe reste une instance qui n'a pas changé d'un iota depuis des décennies.

    On ne peut que se demander s’il est toujours en phase avec les besoins des élèves, des parents et de ce que l’on attend de l’équipe pédagogique aujourd’hui.

    L'évaluation est au cœur de la question pédagogique, tant pour les adultes qui accompagnent la formation des élèves, que pour les élèves eux-mêmes. Trop longtemps et traditionnellement perçue comme une sanction, elle doit désormais être considérée comme un outil principal de communication de ce que les élèves savent, savent faire ou au contraire ne savent pas encore. Pour cela, l'organisation des temps dédiés à la réflexion collective des équipes éducatives constitue un acte qui va au-delà de la simple programmation périodique. 

    Dans la pratique, force est de constater que le conseil de classe s’est éloigné de ce qui est noté dans le texte officiel :

    - Peu de temps est consacré à chaque élève, 2 minutes !                                                                                                                                                                          

    - On projette sur un écran des compétences (auxquelles les élèves et les parents n’ont pas accès), on compare des notes : dans quel but ? On fait défiler les élèves les uns après les autres avec sa souris, on tente de garder l’attention des uns et des autres. 

    Le conseil de classe est devenu davantage un simple moment d’évaluation normative et une instance où sont abordés les problèmes de comportement, certains demandant au professeur principal de donner un avertissement comportement, travail etc. Il doit, au contraire, s'inscrire dans un parcours de remédiation, il n’est pas une instance disciplinaire. Quand un enseignant à ce genre de problème, il doit lui-même prendre les sanctions adéquates en amont. On pointe des difficultés de travail mais quelles solutions sont données, apportées ?

    On note des digressions, des commentaires qui ne sont d’aucune utilité et qui sont éloignés de la réponse que le conseil de classe doit apporter à chaque jeune. Les discussions autour de l’octroi des fameuses récompenses (encouragements, félicitations et autres compliments) sont interminables… en revanche où sont les conseils, objectifs fixé à chaque élèves pour le trimestre suivant ?

    Ces constats et interrogations m'ont amené à réfléchir à d'autres modes de fonctionnement plus en phase avec la dernière réforme. En effet, l'élève doit être acteur dans la construction de son parcours, il doit être capable de s'auto-évaluer et être acteur de ses apprentissages. A ce titre, il doit être au centre du conseil de classe. Ci-dessous 3 projets proposés pour le niveau seconde dont je suis responsable. Ils peuvent être transférables et adaptables à d’autres niveaux et problématiques différentes et sont bien sûr perfectibles notamment dans le rôle des délégués et des parents qui, de mon point de vue,  est à reconstruire mais sur d’autres aspects également.

    Le questionnaire préparatoire au conseil de classe pour les collègues est à retravailler. Le travail sur les compétences est à poursuivre mais à repenser, et n’oublions pas qu’un travail sur le contenu des bulletins est à prévoir.

     

    PROJET n°1

    Des modifications dans la façon de concevoir les conseils de classe qui doivent viser :

          - un meilleur engagement et implication des élèves dans la construction de leur parcours,

         -  une meilleure responsabilisation des élèves,      

         -  une amélioration de leurs capacités d'analyse et d'auto-évaluation.

    Pour les enseignants, les professeurs principaux et les parents :

           - une simplification des modalités de préparation du conseil de classe,   

           - un gain de temps.

           - une meilleure efficacité

     

     

     PREPARATION DU CONSEIL DE CLASSE                                                                     

            ü  Les questionnaires enseignants seront à compléter en ligne avec  Google Form et   comporteront 2 parties :

                 - Informations générales sur la classe

                           - Cas particuliers / Accompagnement des élèves  repérés lors du conseil de  suivi... 

    Les données obtenues seront automatiquement  exploitées dans un tableau ou tableur et analysées sous forme de graphiques qui  pourront être intégrés au compte rendu du conseil de classe.

                ü Les  parents correspondants utiliseront également Google Form  pour consulter les  parents . Une adresse Gmail a été créée par classe. En concertation avec les parents  correspondants nous élaborons un nouveau questionnaire  pour les 1er et 2nd trimestre.  Celui du 1er trimestre est en cours de finalisation.

    Suite à la préparation du conseil avec les parents correspondants, le professeur principal me  remettra les remarques concernant les questions spécifiques sur la vie au lycée : self, internat etc.  Cette partie sera traitée en conseil de direction et non plus en conseil de classe, j’apporterai  ensuite une réponse aux parents…

    ü Les élèves consacreront 1 heure d’AP ADO (1er trimestre) ou 1h de Vie de Classe (2ème trimestre) pour préparer un bilan de leur trimestre,  en tenant compte  des notes et des compétences (livret de compétences), y compris les compétences transversales (attitude...). Nous leur demandons de rédiger une appréciation générale mettant en lumière : 

                                  -  Les points positifs

                                  -   Les points à améliorer

                                  - Un objectif à atteindre pour le prochain trimestre (Travail, comportement, résultats…)

     

    DEROULE DU CONSEIL DE CLASSE

    Le conseil de classe se déroule en 2 temps :

     

     Temps 1 : Bilan général

    En laissant les élèves délégués prendre la parole les premiers (avant les adultes) pour exprimer leur vécu de la classe, le travail, les résultats, nous souhaitons faire du délégué un partenaire à part entière et le mettre au centre du conseil de classe. Ils ont cinq minutes pendant lesquelles la parole ne leur est pas coupée, mais reçue, entendue et non stigmatisée. La formation des délégués a été repensée pour les préparer au mieux à ce rôle. 

    Puis, vient le tour des parents correspondants, qui à partir d’un questionnaire adressé aux parents via Google Form, vont nous présenter leur compte-rendu. Enfin, vient le tour du professeur principal, qui après avoir résumé les différents constats des collègues, explicite et fait un bilan sur le fonctionnement, le climat de la classe. Ce premier temps, plutôt « classique » permet d’avoir une vue d’ensemble sur la classe de la part des élèves et des professeurs.

     

    Temps 2 : Bilan pédagogique individuel

    Ensuite,  lors du cas par cas, les élèves délégués prendront la parole les premiers pour présenter le bilan, l’appréciation que chaque élève aura préparé avec l’aide du Tuteur ou du Professeur Principal. Pour que le conseil de classe s’inscrive dans un processus de remédiation pour chaque élève, nous validerons ou non les objectifs de progrès fixés, ou  nous proposerons des actions et des axes de réussite. Au trimestre suivant, nous  évaluerons l’efficacité de ces mesures de remédiation.

    Dans le cadre de l’AP ADO que nous avons mis en place, nous avons passé un peu de temps à analyser le profil d’apprentissage de chacun d’entre eux afin de voir comment nous, ses profs, on peut l’aider à progresser. Ce profil d’apprentissage a été communiqué, via le professeur principal, aux collègues de la classe.

    De plus, il nous semble important que chaque jeune doit comprendre que l'on ne s'appuie pas uniquement sur les notes et que les compétences explicitent les notes et surtout mettent à lumière leurs difficultés (est-ce plus sur l'analyse... ou sur les connaissances...) ou ce qu'ils savent faire. En fait, jusque-là les élèves n'ont pas du tout accès aux compétences. Lorsque l'on rencontre les familles qui contestent les décisions du conseil de classe en fin d'année on leur montre les notes mais aussi les compétences et on voit bien que c'est beaucoup plus facile de justifier la décision et ils la comprennent mieux. Il nous faut les former, chacun dans notre matière, à cette auto-évaluation pour les aider à faire le meilleur choix et qu'ils comprennent pourquoi à moyenne égale on peut dire non pour une voie générale...

    J'ai en tête le cas d'un élève l'année dernière qui d'un point de vu des notes, on ne pouvait pas l'empêcher d'aller dans une voie générale, ni l'empêcher de prendre les spécialités qu'il souhaitait... alors les compétences laissaient présager des difficultés qu'il allait rencontrer... on n'a pas réussi à convaincre ni l'élève ni la famille. Je pense que s'il avait raisonné à la fois à partir de ses notes mais aussi de ses compétences tout au long de l’année il aurait peut-être opté pour une voie technologique plus en phase avec ses compétences.

    Des séances d’Heure de Vie de Classe et d’AP ADO sont consacrées à l’analyse des bulletins et des compétences.

     

                Le professeur principal proposera son appréciation générale et nous validerons ou modifierons les objectifs fixés. Il proposera les Félicitations, encouragements… qui auront été proposés dans le questionnaire complété par les enseignants en amont du conseil de classe.

     

    PROJET n°2 

    A la place : un dispositif de « suivi de scolarité » qui favorise de réels échanges entre les enseignants, responsabilise davantage les élèves, renforce la coéducation avec les parents pourrait être institué.

    Temps 1 : Bilan général

    De 17 h 30 à 17 h 50 se déroule la partie générale en présence du  Professeur Principal, du responsable de niveau, des collègues, des élèves et des parents délégués. Dans sa synthèse, le Professeur Principal transmet la synthèse des enseignants, donne son appréciation principale, etc. Ce premier temps, plutôt      « classique » permet d’avoir une vue d’ensemble sur la classe de la part des élèves et des professeurs.

    Temps 2 : Bilan pédagogique individuel

    A partir de 17 h 50, nous nous séparons en deux ou trois groupes qui se composent ainsi : 

                    - Le professeur principal avec des enseignants,

                    - Le responsable de niveau avec des enseignants,

                   - Le Chef d’établissement adjoint, chef d’établissement ou un enseignant d’une matière du tronc commun avec des enseignants.

    Les élèves délégués choisissent également d’être présents dans un ou deux groupes.

    Les familles et les élèves sont reçus toutes les 7 ou 10 minutes et un point sur le trimestre est fait.

    A la fin de ce dialogue, des objectifs sont fixés avec la famille et l’élève sur le trimestre suivant. La fiche d’objectifs est gardée par le Professeur Principal.

    Les familles patientent dans une salle d’attente où sont entreposés café, jus de fruits gâteaux.  Le suivi se termine aux alentours de 19h30(/35) grand maximum. 

    Cela permet de :

                  - de rencontrer à plusieurs reprises les parents dans l’année autour de la scolarité de leur enfant, ce que l’on ne fait pas, sauf 1 fois lors des                              réunions parents professeurs de janvier, et encore certains ne viennent pas.

                  - de favoriser une coéducation.

                  - de favoriser le dialogue, famille et équipe éducative sont centrés sur la formulation et le suivi de la réalisation des objectifs fixés : la scolarité de                   l'élève (ses réussites, ses difficultés, sa marge de progrès, son orientation...) sont ainsi l'objet d'un suivi beaucoup plus régulier sur toute l'année.          

    La principale difficulté est de convaincre les enseignants et les parents qu’il faut changer les pratiques et que le conseil de classe tel qu’il existait n’avait plus de sens. Cette difficulté nous la rencontrons au quotidien, tout changement génère un stress, une inquiétude, on va vers l’inconnu, laisse nos repères pour en construire d’autres mais c’est tout à fait normal, c’est humain.  Pour que cela fonctionne, il faut partir de cette base et laisser aux enseignants la possibilité de faire évoluer le dispositif pour qu’ils se l’approprient.

    Ce dispositif peut être transférable et adaptable à d’autres niveaux et problématiques différentes et est bien sûr perfectible notamment dans le rôle des délégués et des parents qui, de mon de vue,  est à reconstruire mais sur d’autres aspects également.

     

     

    PROJET n°3

    Comment responsabiliser les élèves dans leur réussite scolaire et impliquer davantage les parents ?

    Comment redonner une place plus importante à la partie pédagogique pour favoriser la réussite de tous les élèves ? 

    Nous pouvons imaginer la mise en place d’un "conseil de suivi de scolarité". Ce projet a pour objectif de rendre les élèves acteurs du conseil de classe en leur permettant de s’auto-évaluer et d’analyser  leurs apprentissages à travers un bilan effectuer avec le professeur principal ou le tuteur et en les faisant analyser leur bulletin devant leurs parents.

    Ce conseil de classe participatif  se déroule en 2 temps :

    - temps 1 => quinze à vingt minutes 

    - temps 2 => dix minutes par élève avec deux professeurs

     

    Temps 1 : Bilan général

    En Laissant les élèves délégués prendre la parole les premiers (avant les adultes) pour exprimer leur vécu de la classe, le travail, les résultats, nous souhaitons faire du délégué un partenaire à part entière. Ils sont cinq minutes pendant lesquelles la parole ne leur est pas coupée, mais entendue avec respect. 

    Puis, vient le tour des parents correspondants, qui à partir d’un questionnaire adressé aux parents via Google Form, vont nous présenter leur compte-rendu.

    Enfin, vient le tour du professeur principal, qui après avoir résumé les différents constats des collègues, explicite et fait un bilan sur le fonctionnement, le climat de la classe. Ce premier temps, plutôt « classique » permet d’avoir une vue d’ensemble sur la classe de la part des élèves et des professeurs.

    Temps 2 : Bilan pédagogique individuel

    Ce deuxième temps a pour but de « faire entrer les parents dans le conseil de classe ». Chaque élève et ses parents est reçu par 2 enseignants. Ce temps permet réellement d’échanger avec les parents et l’élève sur son trimestre. Dans ce sens, c’est l’élève, grâce à une fiche d’analyse de son bulletin et son livret de compétence, qui explique, fait un bilan sur son trimestre. Ici, il met en lumière ses points forts, ses points à améliorer en fonction de différentes matières où il est en situation de réussite et où il est en difficulté. Ce travail effectué en heure de Vie de Classe ou lors de l’AP ADO lui permet d’avoir un regard réflexif sur son propre travail. Enfin, l’idée en fin d’entretien est de noter deux engagements qu’il devra tenir pour le trimestre suivant.

    Pour une classe de 30 élèves

                    1 heure

    Pour une classe de 32 élèves

    Max 1h10

    Pour une classe de 34 élèves

    1h20

    Français - Maths

    6

    Français - Maths

    7

    Français - Maths

    7

    Histoire-Géo - PC

    6

    Histoire-Géo - PC

    6

    Histoire-Géo - PC

    7

    LV - SVT

    6

    LV - SVT

    6

    LV - SVT

    7

    EPS – Responsable de niveau

    6

    EPS – Responsable de niveau

    7

    EPS – Responsable de niveau

    7

    SNT - SES

    6

    SNT - SES

    6

    SNT - SES

    6

     

    Ces engagements peuvent être prioritairement sur une compétence (ex : en mathématiques, sur la compétence « X », passer de maîtrise fragile à maîtrise satisfaisante en donnant le moyen d’y arriver) ou bien sur un problème plus transversal de type comportemental (ex : prendre vingt minutes par jour pour travailler)

     


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    L’histoire des 3 tailleurs de pierre…

    En 1163, le roi décide de réaliser de grands travaux dans Paris. Il choisit de se rendre directement lui-même sur un de ces lieux au coeur de Paris, sur l'île de la cité. En arrivant sur place, il aperçoit trois tailleurs de pierre très concentrés sur leur travail. Il s'adresse au premier :

    - Que faites vous, mon brave ?

    - Ça ne se voit pas. Je taille une pierre, répond l'homme sur un ton bourru.

    Le roi se tourne alors vers le deuxième tailleur de pierre :

    - Et vous, pouvez vous me dire ce que vous faites ?

    - Moi, Monseigneur, je travaille ici pour nourrir toute ma famille.

    A ce moment, le roi observe le troisième tailleur de pierre resté en retrait de l'échange et toujours concentré sur le travail de la pierre. Prudemment, le roi s'avance vers lui et lui demande :

    - Et vous, qu'est ce que vous faites ?

    Arrêtant de frapper la pierre, le tailleur se redresse et regarde fièrement le roi :

    - Moi, Monseigneur, je bâtis une cathédrale !

     

    Ces 3 tailleurs de pierre exercent le même métier, sont en train de faire la même chose, mais c'est la vision et la perspective de ce qu'il font qui est différente. Il faut se rappeler que comme beaucoup des ouvriers qui ont travaillé sur le chantier de Notre-Dame de Paris, commencé en 1163 pour s'achever en 1245, ils n'ont pas vu la réalisation finale de cette magnifique cathédrale. Chacun a apporté sa pierre à l'édifice sans voir le fruit de son travail.

    Le 1er tailleur de pierre taille sa pierre sans se poser de questions, par pur automatisme, il semble triste, peu motivé,  Il ne voit que la pierre et ne comprend pas pourquoi on lui pose cette question... puisque c'est évident, ça se voit!

    Le 2ème tailleur de pierre, c'est celui qui reconnait le besoin prioritaire derrière le travail, nourrir sa famille. Cette nécessité économique est  importante... mais ...

    Le 3ème tailleur de pierre nous invite à aller au-delà de  l'action immédiate et des besoins économiques pour se poser la question : " A quoi je cherche à contribuer à travers cette activité professionnelle ?".  Pour lui, bâtir une cathédrale lui semble plus exaltant que taper sur un caillou ! Il est heureux. Cette activité lui permet de le relier aux autres : si je construis une cathédrale, ce n'est pas seul : je suis un maillon d'une immense chaîne  qui va des donateurs, des manœuvres, des apprentis, des tailleurs de pierre, des menuisiers, des verriers etc  jusqu'à l'architecte concepteur de la cathédrale. 

     

    Il est important de voir un projet dans son ensemble, de prendre conscience que chaque "pierre" que nous posons contribue à quelque chose de plus grand. C'est cette vision à long terme qui nous permet de rester motivé malgré les difficultés et de poursuivre nos efforts avec détermination.

    Il faut que notre travail fasse sens pour nous, c'est un des besoins essentiels de l'être humain.  Il n'y a rien de plus frustrant que de faire les choses sans en comprendre la finalité.

    Alors si vous savez POURQUOI vous le faites, quel IMPACT vous avez (ou vous voulez avoir) grâce à  votre contribution, vous allez être motivé et épanoui.

    Et si nous prenions le temps de poser notre burin, pour nous poser quelques questions :

    Dans mon activité professionnelle, au lycée..., quel type de bâtisseur suis-je ? A quelle cathédrale j'apporte ma pierre ?

    Quel sens suis-je en train de donner à ce que je fais ? Le sens que je donne à mon travail va me permettre d'avancer.

    Quelle vision du futur suis-je en train de mettre en place ? N'oublions pas que le futur que je construis impacte la personne que je suis dans le présent.

    Quelle contribution vais-je apporter à la société ?

     

     

     

     

     

     

     



     


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